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Struction

Struction, vidéo hd, 23 min.

Struction est une vidéo. On peut la penser comme la documentation d’une création ou un simple objet musical. Pourtant son essence est autre. Struction interroge notre perception du temps et, par ricochet, l’essence d’une création.

Le temps semble coupé en deux, par deux sortes de pondérations que le présent démarque, sépare et oppose (le passé et le futur). Cette représentation « fléchée » semble n’être qu’un simple effet de perspective qui masquerait une autre structure ou non structure. Selon les sciences, tous les événements, qu’ils soient passés, présents ou futurs, coexisteraient et s’influenceraient les uns, les autres. Si cela était le cas, comment devons-nous penser la création ? Comment devons-nous penser le monde ?

La vidéo Struction met en exergue la création du nouvel ep de producteur Jérémy Chatelain. Celui-ci s’est contraint à créer l’ep en une unique session d’enregistrement. Au-delà de l’aspect performatif, on y perçoit un artiste qui joue avec les temporalités en contractant les éléments passés & futurs.

Struction (c’est-à-dire en latin : les amas, les tas) invite les regardeurs à se frayer un chemin dans la multiplicité des hétérogènes et à penser le « tout ensemble ». La vidéo propose d’abandonner les constructions et déconstructions qui ont fondées notre pensée pour un amas d’éléments inconstruits et sans architecture.   Struction amène à penser dans le « non bâti », le « non édifié » et le « non édifiant ».

 

Asphyxia

Asphyxia, série d’images.

La série interroge les dispositifs de pouvoir qui s’opèrent au sein des quartiers populaires. Les personnes qui y sont issus naissent dans des espaces assujettis à des systèmes de domination qui vont les conditionner à mener des existences sous surveillance. Dans les espaces publiques ou dans les institutions qu’ils fréquent, ils vont adopter des comportements conditionnés par les formes de domination qui s’exercent sur eux. Car ces dispositifs de pouvoir (sens foucaldien) créent des identités qui paraissent objectives et naturelles, mais qui sont pourtant le corrélat d’un « enchevêtrement » politique du corps, d’une distribution des individus. Ainsi un enfant qui nait dans un quartier dit « populaire » se conformera à des attentes et des pressions insidieuses qui s’exerceront sur lui. Il évoluera dans un « système d’asphyxie où l’ordre social restreindra son espace de vie, limitera son espace mental et sa vision du monde. Il aura de forte chance de ne pas correspondre aux attentes du système scolaire et se confrontera plus en plus aux systèmes répressifs de son quartier » (G. de Lagasnerie / A.Traoré). 

Au-delà de la matière

Au-delà de la matière, de l’immuable au flexible, vidéo hd, 31 minutes, Couleur.

L’œuvre relate l’expérience de jeunes étudiants – militants du Génépi qui ont mis en place des ateliers photographiques auprès de détenus du centre pénitencier de Réau en Seine-et-Marne. Au-delà de l’apprentissage technique de la photographie argentique, ces rendez-vous hebdomadaires se sont révélés être des instants d’échanges informels mêlant joie, peine, incompréhension, consternation, révolte, déni, résignation et remise en question.

La vidéo met en perspective deux temporalités ou plutôt deux espaces temps différents qui se rencontrent : le premier, restreint et contraint, semble destiné à un futur inéluctablement déterminé tandis que le second, flexible et ouvert, semble explorer le champ des possibles. Au-delà de la matière ne cherche pas à questionner les conditions carcérales en tant que telles, mais plutôt à interroger les systèmes de domination qui se matérialisent et se consolident. La parole et l’image sont ici des médiums de rapprochement d’univers apparemment distincts et de dépassement des frontières.

Jouant sur l’imaginaire carcéral, l’œuvre s’ouvre sur une citation tronquée du détenu Elie Y. puis une musique hip hop saturée s’efface au profit des paroles des membres de l’association Génépi. La prison laisse place aux vécus. Les mots se juxtaposent et d’additionnent pour finalement revenir à la pulsation initiale, celle de la matière et du mécanisme. Les images, quant à elles, se superposent et se déclinent en trois perceptions de la prison. Apparaissent d’abord des images du « dedans », tournées et diffusées par des détenus de différentes prisons françaises. Puis celles du « dehors » : c’est à la lisière que je me tiens, par un plan fixe tremblant de l’entrée du bâtiment de Réau. Apparaît aussi l’« entre-deux », celui d’une jeunesse ouverte au champ des possibles, des militants-étudiants filmés au cours de leurs réunions en amont et en aval des sessions d’atelier auprès des détenus. Un jeu de cadre et de perspectives dessine une confrontation du « dedans » au « dehors », de vies semblant immuables à des vies encore flexibles, jusqu’à inscrire une confusion. Les visions ou espace-temps se confondent, les vies s’entremêlent … et pourtant une imperméabilité des univers semble résister.

MAGNUS

Magnus, vidéo hd, 9 minutes, Couleur.

Magnus est une discussion entre Jérémy et Yoann, anciens amis d’enfance. Les deux jeunes gens se retrouvent le temps d’une vidéo pour échanger sur le handicap vécu, le handicap perçu et sur ce qui les a probablement éloignés. 

Penser le handicap est un exercice qui s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. Son approche a évolué au fil des siècles. Si les personnes handicapées étaient rejetées durant l’Antiquité, elles sont aujourd’hui l’enjeu d’une inclusion qui démontrerait la bonne éthique et la bonne morale de notre société. Néanmoins, comme le signifiait l’anthropologue Robert Murphy, la personne en situation de handicap est bien souvent maintenue sur le seuil de la société. Elle n’est ni à l’extérieur ni à l’intérieur de celle-ci. Elle l’accueille tout en la caractérisant et en la laissant dans une situation de liminalité. Le handicap est perçu comme une caractéristique qu’il faudrait réparer ou du moins, estomper. 

L’œuvre Magnus tente d’interroger notre perception du handicap et d’amener le visiteur à se questionner sur ses propres projections. La vidéo relate une partie de l’histoire de Jérémy, un jeune homme ayant subi un AVC au cours de son adolescence. Au-delà de son parcours de soin et des épreuves physiques que ce tragique accident lui a imposé, nous pouvons nous interroger sur la manière dont il a été maintenu dans cette liminalité que Robert Murphy évoque.

La vidéo ne s’inscrit pas dans la volonté de critiquer la société et sa perception du handicap. Elle relate, par un cas particulier, un questionnement sur le concept d’handicap. Un handicap est défini comme une limitation d’activité ou une restriction de participation à la vie en société due à une altération des capacités sensorielles, physiques, mentales, cognitives ou psychiques*. Ce mot peut trouver des substantifs pour le requalifier comme « invalidé », « empêché » ou autre. Toutefois, il est incontestable que cela amène un certain rejet ou un évitement qui révèle probablement les fissures de nos identités fièrement façonnées. La personne handicapée révèlerait-elle ce que nous masquons au plus profond de nous-même? Révèlerait-elle la multiplicité de l’être humain que nous préférons oublier ? Sommes-nous en mesure de regarder le handicap comme une partie intégrante de l’humanité ou non plus comme un fragment à recoller ? Sommes-nous en mesure de regarder Jérémy essayant de compenser ses handicaps lors d’un match de pingpong sans le tenir à la liminalité ?

Genèse

Genèse, vidéo 32 minutes, Couleur.

Derrière tout œuvre artistique, se cache un travail de recherche foisonnant, un parcours irrégulier fait d’avancées et de doutes. Mettant en perspective le travail de 2 artistes aux disciplines différentes, le film retrace ces moments d’improvisations, de répétition ou d’hésitations qui font partie intégrante d’une œuvre en devenir. Aux mouvements des danseurs hip-hop de la chorégraphe Anne Nguyen (en création de sa pièce Kata), se superpose une oeuvre musicale du musicien Les Gordon (du label Kitsuné), 2 univers qui, bien que différents, viennent se compléter pour créer une forme nouvelle et singulière.

Qu’il s’agisse d’une pièce dansée ou d’une œuvre de musique, l’impression d’aisance et de maîtrise que suscite la découverte de l’oeuvre aboutie est toujours flagrante. Quel processus de création derrière cette sensation de fluidité, de perfection ? Comment, d’une matière brute et spontanée, naît l’oeuvre future ? C’est par cet angle que le film tente de capter et de retranscrire la genèse d’une création artistique, nourri par les séances de travail et de répétition des danseurs, autant que par la l’oeuvre musicale composée sur le mode de l’improvisation.

Questionnement, tentatives, ajustements, répétitions… Autant d’étapes nécessaires que requiert la création d’un projet artistique, mouvement permanent oscillant entre la projection initiale de l’artiste et le projet en devenir, matière polymorphe et versatile. Miroir de cette genèse continue, le film finit par lui-même devenir objet de son propos.

Schibboleth

SchibbolethVidéo 16 minutes, couleur – 2016

Etre réfugié est une acceptation spatiale d’un individu. Il a acquis l’autorisation de pénétrer au sein d’un espace délimité par des frontieres. Seulement, cette autorisation ne lui donne nullement acces a la société dans laquelle il devra vivre. Les personnes réfugiées ne possedent ainsi pas le fameux schibboleth(1) qui leur permettra de s’intégrer, de vivre et de s’épanouir au sein de leur nouveau territoire. La plupart d’entres-eux restent en périphérie de la société.

En collaboration avec l’association Singa France, j’ai souhaité m’intéresser aux personnes réfugiées qui ont la volonté d’apprendre la langue française et les différents codes sociaux nécessaires a leur intégration. Ainsi, pendant plusieurs semaines, j’ai été le témoin privilégié des séances de tutorat qu’ils ont suivi. Ces rendez-vous réguliers sont une maniere pour eux d’échanger et de partager leur quotidien. Ils permettent la création d’un lien de confance, qui facilite leur intégration culturelle et sociale.

(1) le mot schibboleth est une marque différentielle et un signal d’appartenance. Ce mot suffsait à différencier des populations entres elles. Ceux qui ne le prononçaient pas correctement, étaient exclus.

Nonspecific Paradigm

Nonspecific paradigm, série de 50 photographies

Le paradigme mécaniste nous confère une perception de la réalité fragmentaire. Notre nature et notre éducation nous incite à isoler les éléments que nous percevons pour mieux les appréhender. Pour la série «Nonspecific paradigm », j’ai souhaité rompre avec ce mode de pensée. Ainsi j’ai photographié des objets en négligeant les conditions d’utilisation du capteur de mon appareil photo.

 

Installation PerceptConcept – Galerie du jour agnès b.

Installation PerceptConcept – Galerie du jour agnès b.

  • Double projections des films PerceptConcept (film hd, couleur, 6×16 minutes) & Global Dimming (film 8mm numérisé, couleur, 6×6 minutes) sur un écran réalisé en pvc, bâches et plastiques hydrosolubles translucides.  

  • 6x, composition sonores à partir des bruits du voilier, 6×19 minutes.

One minute Yoann Lelong

Une vidéo One Minute est l’expression des émotions que j’ai ressenties lors d’un instant ou d’une période donnée durant lesquels j’ai accumulé des images et des sons. Une One Minute est intuitive et fugace. Cette série de vidéos n’est régie par aucune règle. Ce projet a débuté fin 2011. 

 Pour voir les vidéos :  One Minute

épochè

épochè – Portraits de personnes transgenres

Selon Husserl, l’époché correspond à l’état « d’extase » de « nirvana », état avec disparition effective de tout jugement de toute subjectivité. Pour ce projet, j’essaie d’amener l’expérimentateur à suspendre absolument tout jugement et de percevoir ces portraits dans sa globalité.

Série de 20 portraits, 40x30cm, plexiglas, papier artisanal.