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Dans le monde étranger

Dans le monde étranger, vidéo hd, 13 min.

Paul Audi caractérise l’adolescence par un drame métaphysique lié à la « première confrontation » de l’individu avec la finitude humaine. C’est la période durant laquelle il se heurte au poids d’un réel non apprivoisé et étranger. L’adolescent doit à la fois s’approprier un monde reçu en héritage et se définir comme un individu à part entière. Il se construit, s’adapte et se projette dans un contexte donné afin d’exprimer sa volonté d’existence. Cette partie de jeunesse est celle des idéaux, des désillusions et de l’insouciance. Elle est le point de départ de la régénérescence de l’élan vitale de la société. Mais comment s’exprime-t-elle dans un monde malmené par les différentes crises ? 
 
Le musicien Marc Leroy accompagne les élèves du collège Pierre Reverdy à Sablé-sur-Sarthe dans la création d’une chorale. Chaque année, des élèves allant de la 6ème à la 3ème chantent des textes soigneusement choisies et orchestrés par celui-ci. Les adolescents s’approprient ainsi des thématiques traitant de l’écologie, de la différence, du rejet, du racisme et autres.  Ces jeunes personnes scandent d’années en années leur incompréhension du monde dans lequel ils sont nés. Leurs mots résonnent habituellement dans le grand théâtre du collège mais pas en 2021. 
 
La chorale 2021 est tronquée par une crise sanitaire qui obligent les élèves à chanter avec des masques et dans le CDI surchauffé par les projecteurs. Le contexte est lourd et difficile. Ils doivent pousser leurs voix. La chaleur omniprésente éreinte les adolescents qui enchainent les prestations. Certains vacillent tandis que d’autres quittent temporairement l’ensemble pour récupérer. Néanmoins la représentation tient.
 
Dans le monde étranger symbolise une jeunesse qui chercherait à exister et à être écouter. Les élèves vont évoluer dans un monde qui doit probablement se redéfinir et peut-être se déconstruire. Ils protestent, se révoltent ou se résignent dans l’indifférence générale. L’avenir s’effrite mais leur élan vital perdure … mais pour combien de temps ?

 

Struction

Struction, vidéo hd, 23 min.

Struction est une vidéo. On peut la penser comme la documentation d’une création ou un simple objet musical. Pourtant son essence est autre. Struction interroge notre perception du temps et, par ricochet, l’essence d’une création.

Le temps semble coupé en deux, par deux sortes de pondérations que le présent démarque, sépare et oppose (le passé et le futur). Cette représentation « fléchée » semble n’être qu’un simple effet de perspective qui masquerait une autre structure ou non structure. Selon les sciences, tous les événements, qu’ils soient passés, présents ou futurs, coexisteraient et s’influenceraient les uns, les autres. Si cela était le cas, comment devons-nous penser la création ? Comment devons-nous penser le monde ?

La vidéo Struction met en exergue la création du nouvel ep de producteur Jérémy Chatelain. Celui-ci s’est contraint à créer l’ep en une unique session d’enregistrement. Au-delà de l’aspect performatif, on y perçoit un artiste qui joue avec les temporalités en contractant les éléments passés & futurs.

Struction (c’est-à-dire en latin : les amas, les tas) invite les regardeurs à se frayer un chemin dans la multiplicité des hétérogènes et à penser le « tout ensemble ». La vidéo propose d’abandonner les constructions et déconstructions qui ont fondées notre pensée pour un amas d’éléments inconstruits et sans architecture.   Struction amène à penser dans le « non bâti », le « non édifié » et le « non édifiant ».

 

Asphyxia

Asphyxia, série d’images.

La série interroge les dispositifs de pouvoir qui s’opèrent au sein des quartiers populaires. Les personnes qui y sont issus naissent dans des espaces assujettis à des systèmes de domination qui vont les conditionner à mener des existences sous surveillance. Dans les espaces publiques ou dans les institutions qu’ils fréquent, ils vont adopter des comportements conditionnés par les formes de domination qui s’exercent sur eux. Car ces dispositifs de pouvoir (sens foucaldien) créent des identités qui paraissent objectives et naturelles, mais qui sont pourtant le corrélat d’un « enchevêtrement » politique du corps, d’une distribution des individus. Ainsi un enfant qui nait dans un quartier dit « populaire » se conformera à des attentes et des pressions insidieuses qui s’exerceront sur lui. Il évoluera dans un « système d’asphyxie où l’ordre social restreindra son espace de vie, limitera son espace mental et sa vision du monde. Il aura de forte chance de ne pas correspondre aux attentes du système scolaire et se confrontera plus en plus aux systèmes répressifs de son quartier » (G. de Lagasnerie / A.Traoré). 

MAGNUS

Magnus, vidéo hd, 9 minutes, Couleur.

Magnus est une discussion entre Jérémy et Yoann, anciens amis d’enfance. Les deux jeunes gens se retrouvent le temps d’une vidéo pour échanger sur le handicap vécu, le handicap perçu et sur ce qui les a probablement éloignés. 

Penser le handicap est un exercice qui s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. Son approche a évolué au fil des siècles. Si les personnes handicapées étaient rejetées durant l’Antiquité, elles sont aujourd’hui l’enjeu d’une inclusion qui démontrerait la bonne éthique et la bonne morale de notre société. Néanmoins, comme le signifiait l’anthropologue Robert Murphy, la personne en situation de handicap est bien souvent maintenue sur le seuil de la société. Elle n’est ni à l’extérieur ni à l’intérieur de celle-ci. Elle l’accueille tout en la caractérisant et en la laissant dans une situation de liminalité. Le handicap est perçu comme une caractéristique qu’il faudrait réparer ou du moins, estomper. 

L’œuvre Magnus tente d’interroger notre perception du handicap et d’amener le visiteur à se questionner sur ses propres projections. La vidéo relate une partie de l’histoire de Jérémy, un jeune homme ayant subi un AVC au cours de son adolescence. Au-delà de son parcours de soin et des épreuves physiques que ce tragique accident lui a imposé, nous pouvons nous interroger sur la manière dont il a été maintenu dans cette liminalité que Robert Murphy évoque.

La vidéo ne s’inscrit pas dans la volonté de critiquer la société et sa perception du handicap. Elle relate, par un cas particulier, un questionnement sur le concept d’handicap. Un handicap est défini comme une limitation d’activité ou une restriction de participation à la vie en société due à une altération des capacités sensorielles, physiques, mentales, cognitives ou psychiques*. Ce mot peut trouver des substantifs pour le requalifier comme « invalidé », « empêché » ou autre. Toutefois, il est incontestable que cela amène un certain rejet ou un évitement qui révèle probablement les fissures de nos identités fièrement façonnées. La personne handicapée révèlerait-elle ce que nous masquons au plus profond de nous-même? Révèlerait-elle la multiplicité de l’être humain que nous préférons oublier ? Sommes-nous en mesure de regarder le handicap comme une partie intégrante de l’humanité ou non plus comme un fragment à recoller ? Sommes-nous en mesure de regarder Jérémy essayant de compenser ses handicaps lors d’un match de pingpong sans le tenir à la liminalité ?

Installation PerceptConcept – Galerie du jour agnès b.

Installation PerceptConcept – Galerie du jour agnès b.

  • Double projections des films PerceptConcept (film hd, couleur, 6×16 minutes) & Global Dimming (film 8mm numérisé, couleur, 6×6 minutes) sur un écran réalisé en pvc, bâches et plastiques hydrosolubles translucides.  

  • 6x, composition sonores à partir des bruits du voilier, 6×19 minutes.